Depuis sa montée en épingle au début des années 1990, le classique entre le PSG et l'OM a parfois connu la passion, un excès qui guette tout derby entre deux équipes aux cultures et aux codes bien distincts. Si la rivalité entre la capitale et la cité phocéenne a pu être qualifiée de superficielle, ce n'est pas le cas pour d'autres derbies, où celle-ci est profondément enracinée.
Panathinaïkos-Olympiakos : les éternels ennemis
Athènes est partagée entre trois clubs majeurs : l'AEK, l'Olympiakos Le Pirée et le Pana. Si jadis, l'Olympiakos incarnait la frange populaire du football athénien, le club est depuis plusieurs années celui qui dispose de la plus grande latitude financière. L'opposition avec le Panathinaïkos est à l'origine sociale, mais, avec le temps, elle a pris une dimension sportive. Envahissement de terrain et violences sur un arbitre en 2002 après un penalty sifflé contre le Pana, attentat à la bombe au local du « Gate 13 », l'un des groupes d'ultras les plus fervents du Pana, décisions arbitrales litigieuses exacerbant la haine entre supporteurs des deux camps… Galvanisée par les tensions socio-économiques des dernières années, la rivalité tutoie la démence lorsque, en 2015, le championnat grec est suspendu par le gouvernement durant plusieurs semaines à la suite d'énièmes violences durant le derby. Les deux clubs étant omnisports, cette rivalité dépasse le simple cadre du football.
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Panathinaikos – Olympiakos 22.02.2015 |
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Panathinaikos – Olympiakos 22.02.2015 |
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Panathinaikos – Olympiakos 22.02.2015 |
Boca Juniors-River Plate : le « Superclasico »
Entre les Xeneize (Boca) et les Millionarios (River), l'antagonisme est ancestral. Et en Argentine, où la culture foot est enracinée, la ferveur et la passion dépassent souvent les limites. Depuis leur tout premier derby de l'ère professionnelle en 1931 (leur affrontement initial remontant, lui, à 1913), le « Superclasico » s'est mué en un spectacle visuel et un événement immanquable, étant même classé par l'hebdomadaire britannique The Observer parmi les « 50 événements sportifs à voir avant de mourir ». Jouer un Boca-River, « c'est comme coucher avec Julia Roberts », a un jour lâché Diego Maradona. Et pour cause, l'histoire de ce match est teintée d'anecdotes, de joies mais aussi de drames comme en 1968, lorsque 71 personnes meurent dans un mouvement de foule au Stade Monumental.
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Boca Juniors-River Plate |
Esteghlal-Persepolis : le « Surkhabi »
Pas forcément le plus connu de tous, le derby de Téhéran figure pourtant à coup sûr parmi les plus disputés de la planète. Le clivage entre Esteghlal (« Indépendance ») et Persepolis (« la cité perse ») s'est accru après l'arrivée du Shah d'Iran, avant d'être encore exacerbé par la révolution de 1979. Peu de matches sur terre se jouent régulièrement devant 100 000 spectateurs (128 000 en 1983, lors d'un match terminé par un envahissement de terrain). Et ce n'est là qu'un exemple de ce qui fait du derby entre Esteghlal et Persepolis un exutoire pour une partie de la population. Au milieu des années 90, la tension est telle qu'il faut faire appel à des arbitres étrangers pour dissiper les soupçons toujours plus grands d'arrangement à chaque décision litigieuse.
Galatasaray-Fenerbahçe : le derby intercontinental
Comme Athènes, Istanbul rassemble passion et football autour de trois clubs. Il n'y a pas que le Bosphore qui sépare les « intellectuels » de Galatasaray et Fenerbahçe, le club de la rive asiatique d'Istanbul. La Turk Telecom Arena, enceinte de Galatasaray inaugurée en 2011, a un temps détenu le record du monde de décibels atteint dans un stade (132 dB) justement lors d'un derby face au Fener. Entre les deux voisins, la rivalité sociale s'est atténuée avec le temps pour laisser place à un antagonisme régional.
Étoile Rouge de Belgrade-FK Partizan : le derby éternel
C'est un derby qui appartiendrait presque à l'histoire, tant son intérêt sportif a décliné à mesure que la Yougoslavie sombrait dans des querelles ethniques et sociales. Plus le temps passe, et moins on va voir le derby de Belgrade pour la qualité du football. Le spectacle, plus désolant à mesure que les années passent, offre son lot d'empoignades entre hooligans et forces de l'ordre. En 2015, le coup d'envoi a dû être retardé de 45 minutes. Le différend entre les deux camps est à l'origine politique : l'Étoile Rouge rassemble les défenseurs du communisme, le Partizan étant lui le club de l'armée. Aujourd'hui, ce sont les Delije de l'Étoile Rouge (les vaillants) et les Grobaji du Partizan (les fossoyeurs), du nom des groupes de supporteurs des deux camps, qui se font face à chaque derby.
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Étoile Rouge de Belgrade-FK Partizan |
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Étoile Rouge de Belgrade-FK Partizan |
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